Matthew B. CRAWFORD
« La génération actuelle de révolutionnaires du management s'emploie à inculquer de force la flexibilité aux salariés et considère l'éthos artisanal comme un obstacle à éliminer. On lui préfère de loin l'exemple du consultant en gestion, vibrionnant d'une tâche à l'autre et fier de ne posséder aucune expertise spécifique. Tout comme le consommateur idéal, le consultant en gestion projette une image de liberté triomphante au regard de laquelle les métiers manuels passent volontiers pour misérables et étriqués. Imaginez à côté le plombier accroupi sous l'évier, la raie des fesses à l'air. »
Matthew B. Crawford était un brillant universitaire, bien payé pour travailler dans un think-tank à Washington. Au bout de quelques mois, déprimé, il démissionne pour ouvrir... un atelier de réparation de motos. À partir du récit de son étonnante reconversion professionnelle, il livre dans cet ouvrage intelligent et drôle l'une des réflexions les plus fines sur le sens et la valeur du travail dans les sociétés occidentales.
Mêlant anecdotes, récit, et réflexions philosophiques et sociologiques, il montre que ce « travail intellectuel », dont on nous rebat les oreilles depuis que nous sommes entrés dans l'« économie du savoir », se révèle pauvre et déresponsabilisant. De manière très fine, à l'inverse, il restitue l'expérience de ceux qui, comme lui, s'emploient à fabriquer ou à réparer des objets - ce qu'on ne fait plus guère dans un monde où l'on ne sait plus rien faire d'autre qu'acheter, jeter et remplacer. Il montre que le travail manuel peut même se révéler beaucoup plus captivant d'un point de vue intellectuel que tous les nouveaux emplois de l'« économie du savoir ».
« Retour aux fondamentaux, donc. La caisse du moteur est fêlée, on voit le carburateur. Il est temps de tout démonter et de mettre les mains dans le cambouis... »

" Un C.A.P. ? Qu'est-ce donc jeune homme? N’êtes-vous pas inscrits en fac comme tous vos camarades? "
Voici une phrase bien connue de tous ceux qui se sont dirigés vers une voie professionnalisante, une "voie de garage" comme définie çi-dessus.
Moi-même ai connu cette période d'indécision ou le regard pesant de notre entourage vous met face à la promesse d'un avenir infranchissable.
"Passe ton BAC., ça t'ouvrira des portes !" , "choisis plutot cette Fac, tu aura plus de débouchés !"
Doit-on avoir peur de l'artisanat, comme métier et/ou comme passion?
Pourquoi les jeunes en CAP ou classes STI (pour exemple) sont-ils dénigrés par les profs de l'éducation nationale?
Avez-vous déjà admiré ou regardé de haut un ouvrier du bâtiment sur son chantier?
RAPPEL: Faisons ici la différence entre artisanat d'art, qui représente une infime partie de l'artisanat d'entreprise bien plus large. Nous nous consacrerons, du moins dans la première partie de ce débat, à ce dernier type de métiers manuel.
Afin de lancer le débat, je propose aux participants de faire part de leurs propres opinions, inquiétudes ou espoirs sur leur métier, le travail.
Rappellons que le débat permet à tous de s'exprimer, partager nos connaissances et nous enrichir. Soyez constructifs, réfléchissez à deux fois à ce que vous écrirez, mais avant tout, pensez bien à vous exprimer en : "JE PENSE". Votre parole et vos positions doivent toujours être prises en compte, qu'importe ce qui pourrait leur barrer la route.