Messagepar Serek » mer. juin 11, 2008 1:49 pm
12 Novembre 2559, calendrier humain, An 6 après la paix.
Le Lysander effectuait sa énième ronde autour de Sylphon 05, à régime réduit. Le commandant de bord de la frégate, commandant Lestion, dormait dans sa cabine, laissant à ses hommes le soin de gérer le vaisseau d’attaque léger .
Sylphon 05 était visible en arrière-plan, par un hublot blindé, seule ouverture vers l’extérieur à part la baie du centre de pilotage. La planète, composée à 94.6% d’eau douce, était la première réserve d’eau potable de la Terre, située à 34 années-lumière de là.
Lestion ouvrit les yeux, se leva et s’étira longuement. Il tenta sans succès de lisser les plis de son uniforme, mit sa casquette et s’apprêta à se rendre sur le pont pour y lire les rapports des cinq dernières heures. Laissant la porte de sa cabine entrebâillée –tout le monde se connaissait ici- il s’engagea dans l’étroit couloir de métal bosselé menant à son but.
Une légère secousse se fit sentir, mais il ne s’inquiéta pas ; une légère turbulence due à une « bulle » dans l’espace.
Autre secousse. Les pas réguliers résonnaient dans le couloir, il tourna à gauche.
Autre secousse. Il passa une porte automatique en levant instinctivement le pied par-dessus la marche. Porte mal foutue.
Une détonation se fit entendre loin derrière lui, la frégate tangua comme si une main de géant la secouait. Le commandant se cogna le dos contre un renforcement en titane-A, et jura sous le coup de la douleur. Aussitôt la lumière passa en mode d’économie, des LED rouges s’allumant. L’énergie du vaisseau se dériva instantanément vers les batteries laser et les moteurs à fusion.
Lestion resta assis un moment dans le silence. Il souffrait, son dos lui faisait horriblement mal.
Finalement, il se releva et gagna le pont au pas de course cette fois . Il n’y avait pas de sirènes dans le Lysander, cela ne faisait que faire monter la tension et déconcentrait les hommes lors des phases critiques, selon le commandant.
Le poste de commandement était occupé par dix-huit personnes, personnel complet de la frégate.
Il s’adressa au pilote :
- Quelle est notre situation ?
- Le vaisseau a basculé à 32 degrés, lui répondit-on. Mais Laze a compensé par un pivotement de la gravité artificielle.
Un pivotement de 32 degrés…
- Commandant, dit Alkrys, les capteurs ont détecté une modification de l’espace normal.
Lestion regarda son interlocuteur, en face. Ses mots avaient tout leur sens, mais ils mirent un temps avant de déclencher une réaction. Tous les regards convergeaient vers lui, attendant une parole, un ordre de leur supérieur.
- Trudes, entame une communication vers l’intrus, sur tous les canaux, je veux qu’il s’identifie, qu’il coupe ses moteurs et qu’il nous envoie un rapport d’autorisation de passsage. On a un visuel sur la nature du vaisseau ?
- Négatif commandant, répondit Alyrise, pilote depuis cinq ans aux mannettes de la frégate.
Deux minutes après, les communications n’avaient pas donné grand-chose, malgré le fait qu’ils soient sur le même canal que le vaisseau inconnu. Il y avait un « noir » radio , c’est-à-dire que la communication était nette, mais personne ne répondait.
- Commandant, je les ai en visuel, dit soudain Alyrise.
- « Les » ?, demanda Lestion, surpris.
- Enfin, les intrus, le vaisseau…En tout cas, on a leur vaisseau en visuel et… bon sang, qu’est-ce que c’est que ça ?
Lestion eut le souffle coupé par le spectacle du vaisseau qui flottait devant le sien, faisant entre 5 et 10 fois la longueur de la frégate. Malgré les deux cents kilomètres qui séparaient le Lysander du vaisseau inconnu, on distinguait clairement celui-ci.
Ce vaisseau n'était apparemment pas fait de quelconque métal ou alliage connu. Sa coque d'un noir brillant était composée de plaques se chevauchant, formant également une crête sur la face dorsale du vaisseau. La forme du vaisseau était plutôt ovale, mais tant qu'il ne se déplaçait pas, on ne pouvait savoir où étaient l'vant et l'arrière. L'une des extrémités était rammassée sur elle-même, formant presque une boule, tandis que l'autre était plate.
Lestion perdit patience et arracha prsque le micro des mains de l'xpert en communication.
- Ici commandant Lestion, de la frégate humaine Lysander, protégeant la planète Sylphon 05. Je vous somme de me donner vos numéros d'identification et d'autorisation de pénétrer dans cette partie de l'espace! Vous avez exactement trois minutes pour faire tout cela, ou nous serons obligés de vous abattre!
La menace était claire et cette fois la tension fut palpable lorsque le comandant laça le compte à rebours. Il se remmémora toutes les étapes du chargement des cinq tubes lance-missile Archer; il fallait exactement deux minutes et quarante-huit secondes pour les charger tous à la fois.
145 secondes...
Le "noir" radio continuait, pas un son ne sortait.
60 secondes...
Le pont de la frégate était dans un silence absolu, personne ne parlait, le commandant crispait la mâchoire.
40 secondes...
Sur le tableau de bord, la LED en-dessous de l'inscription "M.ARCHERS" vira à l'orange, indiquant la fermeture des tubes et l'armement de le propulsion de chaque missile. In n'y avait toujours aucun signe de réponse et le vaisseau restait immobile.
12 secondes...
La lumière passa au vert, les missiles étaient prêts à l'emploi, le commandant reprit le micro:
- Vous n'avez pas répondu, que vous soyez amis ou ennemis, vous êtes maintenant des ennemis, les trois minutes viennent de passer, c'est votre dernière chance...
Aucune réponse, comme si "ils" les narguaient.
- ...Tant pis pour vous!
Il se tourna vers une de ses artilleurs: "Feu!"
La frégate trembla, les cinq missiles Archer jaillissant de son flanc droit, ils se déployèrent en formation large, de façon à toucher le vaisseau adverse même si il se déplaçait. Lestion reprit la parole:
- Prévenez la base, qu'ils envoient des croiseurs en renfort, si la puissance de ce vaisseau est équivalente à sa taille, il est dangereux et nous sommes trop loin pour utiliser nos CAM sans nous mettre en danger nous-même. De plus, "on" n'a pas jugé utile de nous encombrer de missiles Shiva, ce que je regrette maintenant!
L'équipage échangea des regards; cela signifiait que le commandant prenait cette mence très au sérieux. L'opérateur relevait régulièrement la distance en les missiles et le vaisseau adverse, puis finit par un compte à rebours avant impact.
30...29...28...27...26...
De la baie on voyait cinq traits qui se dirigeaient dans le silence spatial vers le vaisseau noir. Ce dernier ne faisait même pas mine de bouger.
14...13...12...11...10...
Un phénomène inattendu eu lieu; soudain, la coque noire du vaisseau vira au vert émeraude, elle parut palpiter un instant, puis le missiles qui arriavaient désarmèrent, changèrent de cap, passèrent à côté du vaisseau et explosèrent à dix kilomètres de leur but.
Même le commandant en fut buche bée. C'était strictement impossible; pendant vingt-deux secondes, le vaisseau ennemi avait pris le contrôle des cinq missiles Archer simultanément et les avait dévié de leur course.
L'équipage était pâle, tandis que le commandant ordonnait la recharge des tubes et la désactivation du contrôle automatique des missiles, malgré les protestations de l' IA embarquée. Cinq canaux de communication furent reliés aux missiles et autant de membres d'équipage furent aux postes de combat, tous prêts à faire l'impensable: guider un missile manuellement via un canal de transmission sécurisé.
La deuxième vague fut lancée et les missiles se rapprochaient de la coque. L'état des transmissions était constamment vérifié, mais tout restait normal. A trente secondes de leur cible, les opérateurs armèrent leur missile respectif et verrouillèrent chacun une partie différente du vaisseau, qui s'illumina une nouvelle fois de vert. Les liaisions furent perturbées, mais non rompues, et à trois cents mètres du vaisseaux, même une coupure de liaison ou un arrêt de moteur de missiles n'aurait pu empêcher un coup au but.
Les cinq missiles Archer s'écrasèrent sur la coque, enclenchant leurs charges hautement explosives, couplées à des turbines d'air comprimé déstinées à multiplier la déflagration. Cinq boules de feu nacquirent à la surface du vaisseau, endommageant sa structure visiblement.
Dans la salle de contrôle, la tension se relâcha et quelques tapes dans le dos furent échangées. Le commandant du Lysander ramena le calme et répondit à la transmission radio lui indiquant que quatre croiseurs de type Marathon avaient décollé.
L'attention de l'équipage fut ramenée sur le vaisseau suspendu devant eux; il pivotait lentement.
L'extrémité formant une boule se plaça en face de la frégate, le silence revint, l'ennmi semblat vouloir passer à l'attaque. Les tubes n'avaient pas fini de se recharger et la surface que présentait le vaisseau n'était plus suffisante pour occasionner de gros dégâts.
- Les capteurs enregistrent une acclération de particules, ils nous attaquent!
Lestion donna quelques ordres brefs et le Lysander pivota à babord.
- Si ils ont des CAM, les tirs ricocheront sur la coque s'ils nous tirent dessus maintenant, nous n'auront pas de dégâts importants, en tout cas pas maintenant...
L'accélération des particules n'eut bientot plus besoin d'etre calculée par l'ordinateur de bord, la surface du vaisseau était maintenantbaignée d'une lueur blanche qui allait en s'intensifiant. En quelques secondes, il y eut successivement un flash de lumière intense, suivi de la disparition du vaisseau ennemi et d'un tremblement qui parcourut toute la frégate, jetant au sol tous ceux qui se tenaient debout. Plusieurs opérateurs firent qusi-insantanément le bilan de la situation.
- Nous perdons de la puissance au niveau des moteurs
- Le vaisseau ennemi se trouve à 200 kilomètres derrière nous!
Mais plus grave encore:
- Nous avons une perte d'air au niveau des soutes de munitions!
Un plan lumineux du vaisseau confirmait les craintes du commandant: la frégate avait été quasiment coupée en deux, les deux morceaux ne tenant que par quelques plaques de titane-A. Si ils poussaient les moteurs, le reste s'arracherait, ils ne pouvaient donc pas bouger, ni tourner, malgré le fait que le vaisseau inconnu se trouvai derreière eux. La soute à munition s'était répandue dans l'espace, le rendant aussi dangereux qu'un champ de mines.
Ils étaient donc condamnés à attendre, soit pour mourir, soit pour voir voir les secours les sauver.
De nouvelles informations indiquèrent l'approche des croiseurs, chacun au moins aussi grand que le vaisseau.
- Mauvaise nouvelle commandant ! Le vaisseau nous tire dessus, ce n'est pas un missile, ni un projectile à haute densité. C'est de forme oblongue, et nous ne pouvons rien faire.
Le commandant transpirait, mouillant le col de sa chemise; l'ennemi devait être sûr de lui pour attaquer ainsi.
- 15 secondes avant impact...
Bizarrement, le visage d'un vieil homme lui revinten mémoire et des paroles résonnèrent à ses oreilles: "Les hommes et le Covenants réunis n'ont à peine découvert qu'un centième de toutes choses, beaucoup de surprises les attendent encore..."
Il n'y eut pas d'impact, une simple lumière blache enveloppa la frégate et les atomes du vaisseau et de ses occupant se dissocièrent en une fraction de seconde.