La passante

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ZKane
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La passante

Messagepar ZKane » sam. juin 13, 2009 7:56 am

C’était un mois de décembre, il neigeait.

Le son des pas qui se perdait dans le velours de ces petites fibres blanches, les gratte-ciels qui tentaient de stopper les flots incessants de cette poudre légère et la présence de la foule dont chaque mouvement, telle une danse majestueuse, m’enivrait d’une grande voluptuosité. Il faisait froid pour la saison, mon souffle devenait visible, d’un blanc pure, avant de s’évanouir dans un nuage laiteux, la faible chaleur de mon souffle faisant place au froid de l’air. Je marchais le long d’un simple trottoir de cette ville aux allures grandioses que je découvrais pour la première fois avec les yeux d’un poupon tout juste naissant qui, pour la première fois, posait les yeux sur sa mère. J’étais avide de tout voir, de tout sentir, de tout goûter de cette citée, cette même citée qui attirait les gens à des lieux à la ronde avec la promesse de fortune et de vie facile. Je me dirigeais je ne sais où, le regard fou, perdu dans mes pensés et mon exaltation provoquée par la beauté théâtrale de ma visite à l’aveuglette de ce joyeux du monde. C’était une de ces journées où tout semble idéal.

La neige continuait de tomber, un manteau blanc recouvrait déjà la place centrale de cette ville aux aspects de miroir. Me mêlant toujours plus à la population déjà présente, je ne distinguais ni rien, ni personne tellement tout bougeais si rapidement, objets et personnes se mêlant dans mon esprit, j’étais comme aveugle pendant un court instant, mais je la vis, elle. Je pourrais simplement dire qu’elle était belle, mais se ne serait pas rendre justice à cet être. Chaque mouvement, chaque expression de son visage, chaque cheveux se déplaçait avec une telle grâce, l’on aurait dit une œuvre d’art, un artiste peignant chaque trait, chaque détail, aussi imperceptible fut-il, avec la précision et la perfection du maître. Quelques instants auparavant j’étais aveugle et maintenant je voyais, je la voyais elle. Les légers flocons se déposaient sur elle avec délicatesse, de peur d’abimer pareil tableau, de briser l’harmonie avec laquelle elle avançait inexorablement vers moi.

J’étais immobile depuis les deux plus longues secondes de ma vie déjà, sans m’en apercevoir, mon corps m’avait trahi, dans l’espoir de l’observer un seul instant supplémentaire, il s’était arrêté, figé par l’aspect angélique de cette femme sans nom. Je ne pus qu’adresser quelques supplications aux flots du temps pour qu’ils s’arrêtent, mais elles résonnèrent dans l’oublie car il continua son chemin, mais par-dessus tout, elle, elle continua le sien. Elle était là, juste là, à quelques centimètres à peine. Ses yeux se posèrent sur moi, les miens déjà sur elle. Miracle ! Nos regards se croisèrent dans un moment d’existence parfaite. Un printemps, voilà ce que mon cœur me disait, le froid de l’air n’était plus rien par rapport à la chaleur suffocante de ce soleil nouveau-né dans mon être. Je la sentais faire pousser les fleurs dans mon jardin intérieur, les fleurs d’une passion sans limite, je la désirais corps et âme. Entendre sa voix aurait été trop, la connaître inutile, elle était mon désir le plus profond, le plus secret et sans aucun doute, le plus puissant, mais il n’était pas naissant. Oh non ! Ne vous m’éprenez pas, il sommeillait en moi depuis toujours, le désir d’être avec elle, celle que celui là-haut dessina pour moi, tout en bas.

Nos yeux se quittaient, je ne la voyais plus. La chute fut brutale. Mon corps toujours figé, mes yeux ne sachant plus où se poser, je perdis tout sens commun. Elle n’était plus là. J’étais bien incapable de penser de peur de perdre cette image, cette perfection dont la seule image m’avait marqué tel un fer rouge. Que faire ? Mais que faire ? Je ne sais plus, mon esprit s’embrouillait, mes yeux devenaient flou, des larmes coulèrent le long de mes joues. Me retourner, voilà ! Il était trop tard, mon geste trop lent, elle n’était plus là, plus devant, plus derrière. Mes yeux me brûlèrent, mais pas au tant que le feu de mon âme qui se consumait devant cette perte aussi rapide, aussitôt l’avais-je gagné qu’elle m’était enlevé. Pourquoi pareil cruauté ? Qu’avais-je fais de si mal pour mériter pareil châtiment ? Tant de questions, si peu de réponses.

Ce jour, je compris que plus jamais je ne pourrais en voir une autre qu’elle. J’étais devenu aveugle…
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Re: La passante

Messagepar TazVadu » dim. avr. 15, 2012 8:02 am

Je fais un Motherfucking Up de la mort, mais j'ai besoin de savoir quelque chose. En Français 2, on voit présentement les poètes symbolistes, et étudions donc par le fait même Baudelaire. Vendredi, nous avons étudié l'une de ses oeuvres, et elle s'intitule ''A une passante''. En lisant le poème, j'ai tout de suite fait le lien avec ton texte (va savoir pourquoi, je l'ai lu qu'une seule fois xD). Je voudrais donc savoir si tu t'es inspiré de ce poème pour écrire ton texte :
La rue assourdissante autour de moi hurlait.
Longue, mince, en grand deuil, douleur majestueuse,
Une femme passa, d'une main fastueuse
Soulevant, balançant le feston et l'ourlet ;

Agile et noble, avec sa jambe de statue.
Moi, je buvais, crispé comme un extravagant,
Dans son oeil, ciel livide où germe l'ouragan,
La douceur qui fascine et le plaisir qui tue.

Un éclair... puis la nuit ! - Fugitive beauté
Dont le regard m'a fait soudainement renaître,
Ne te verrai-je plus que dans l'éternité ?

Ailleurs, bien loin d'ici ! trop tard ! jamais peut-être !
Car j'ignore où tu fuis, tu ne sais où je vais,
Ô toi que j'eusse aimée, ô toi qui le savais !
Avouez qu'on y voit tout de suite une ressemblance xD
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Re: La passante

Messagepar Olah » mar. avr. 17, 2012 12:24 pm

Tu diras à ta prof que Baudelaire n'est pas un symboliste. C'est un précurseur, à mi-chemin entre plusieurs courants (le symbolisme, oui okay, mais aussi le romantisme, avec une pointe de classicisme (avec ses vers en alexandrin) et d'autres trucs dont j'me souviens plus).

Désolé, fallait que j'intervienne :lol:
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Re: La passante

Messagepar TazVadu » mar. avr. 17, 2012 6:21 pm

Oui, elle nous l'a dis justement, que c'était le précurseur, celui qui a amené les bases on va dire.
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