Le peintre

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ZKane
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Le peintre

Messagepar ZKane » mar. juil. 14, 2009 8:15 am

Une nouvelle que je viens de terminer après un petit mois de travail par-ci par-là :lol: C'est un truc d'horreur pour faire changement :P 2 283 mots sur 6 pages pour l'information, bonne lecture ^^

Le peintre

Prélude

Je me réveille en sursaut, la sueur perle sur mon visage défiguré par la peur. Il fait une chaleur infernale dans ma chambre, c’est insupportable. Je me sens bouillir à l’intérieur, mes entrailles me brûlent. Des cauchemars horribles où se mêle le sang et le feu me hantent depuis bientôt sept jours et il n’y a pas un seul médecin dans ce trou perdu où il me faut résider pour me donner un médicament quelconque pour m’aider à faire mes nuits. Je commence à croire que je suis un nourrisson, mes nuits sont si étranges dernièrement, mon esprit en est tout embrouillé. Chaque nuit, il y a cette chose qui revient, cette vision, ce tableau. Je ne veux pas le peindre. Sa laideur est telle que je ne puis me l’imaginer en entier, j’en succomberais à la plus grande des mélancolies et tous désirs de vie me quitteraient

Ces cauchemars sont si réels que je doute que se ne soit que de simples rêves. La panique m’emporte dans mon lit. Je m’accroche à mes couvertures et je menace de les réduire en pièces. La peur s’installe dans mon esprit et je me mets à sangloter. Mon cœur bat la chamade, mes tympans risquent d’exploser à tout moment. Je ne peux plus supporter rien de tout cela. Je deviens fou…

Puis plus rien. Tout se dissipe dans ma tête presque instantanément et me revoilà dans mon état normal. Mes idées sont claires, je dois peindre ce tableau ou c’est lui qui m’emportera. Je n’y comprends pas grand-chose, certes, mais je suis persuadé que même si je le peins, ce ne sera pas encore fini, mes yeux à perdre que ce ne sera que le début…

Nous verrons bien demain ce que je ferai demain, mais pour l’instant, je sens le sommeil me rappeler à lui. Par pitié, laisser le m’emporter…

I. Au Commencement

Une imposante foule déambulait entre les échoppes miteuses et tâchées par la crasse omniprésente de cette petite bourgade des plus pauvres du nord de l’Italie. Un boucan tonitruant se faisait entendre au travers du petit village tout entier, c’était jours de marché. Les gens s’entassaient devant les étales pour observer et se procurer au tant de produits essentiels que de diverses babioles étrangères, Elles étaient toutes plus étranges les unes que les autres, mais cela semblait plaire aux enfants qui s’amusaient avec elles et aux plus âgés qui tâchaient de trouver une utilité pratique à celles-ci. Un jeune homme se distinguait de la foule, bien en vie, la couleur aux joues, les yeux décidés, une petite moustache des plus italiennes garnissant sa lèvre supérieure et des vêtements nobles, propres, mais usés le sied. Il s’en retournait déjà sur une simple petite charrette paysanne tirée par un vieil âne battu. Elle le transportait, lui, ainsi que son précieux chargement. Sept pots de peintures, dix pinceaux et une imposante toile de trois mètres de haut par deux mètres, voilà la cargaison de l’artiste peintre de la bourgade et tous auraient pu jurer qu’il avait un nouveau projet qui allait débuté car jamais personne ne l’avait vu aussi déterminé, lui qui était si rêveur habituellement.

Il habitait une vieille villa en mauvaise état sur le bord d’une falaise en dehors de la ville surplombant une petite étendue d’eau. À peine arrivé, il fut accueilli par son unique domestique engagé à même les fonds légué par son défunt, mais par-dessus tout, riche père. C’était une jeune femme, elle n’avait que trop peu pour plaire et ses qualités réparatrices étaient inexistantes. Le maître ne la gardait à son service que par négligence, trop occupé à peindre ou à s’amuser en ville. Elle lui souhaita un bon retour chez lui et s’écarta du chemin qui menait à l’entré principale de cette autre fois somptueuse demeure familiale. Il s’approcha avec sa carriole du porche. À peine quelques instants plus tard, le peintre et sa « fidèle » servante déchargeaient le matériel nouvellement acquis et s’enfoncèrent dans la maison, portant avec eux l’immense toile vierge. Ils gravirent les marches qui menaient au second étage, là où se trouvait l’atelier de l’artiste. Celui-ci était bien décidé à se mettre au travail dès maintenant et rien ne lui en dissuaderait. Son esprit était bouillant, il avait déjà vu la toile qu’il s’apprêtait à réaliser et malgré que cela lui semblait de très bien mauvais goûts, pas même un tremblement de terre des plus destructeur ne le priverait du devoir de la peindre.

II. Déchéance de la Folie

Des cernes bien visibles sous ses yeux, on ne pouvait que remarquer l’extrême fatigue de ce pauvre peintre. Outre ces poches disgracieuses, son regard était vitreux, similaire à celui d’un cadavre, pas comme ceux que l’on retrouve dans une morgue, mais plutôt ceux d’un mort récent, depuis quelques instants. Il semblait dénué de vie, mais il bougeait. Oh oui ! Il bougeait. La folie c’était emparée de cet artiste depuis déjà trois longs jours. Il Peignait encore et encore et toujours sur la même toile. C’était un paysage lugubre, des arbres penchants dangereusement, les feuilles las de supporter leurs propre poids, de longues plantes boueuses poussant à l’intérieur d’une étendue d’eau sale infestée par les insectes et les reptiles de tout genre et une forêt glauque tapissant l’arrière de ce marécage. La lumière d’un soleil absent éclairant faiblement la scène d’une lueur grisonnante.

Et voilà, le fou venait enfin d’achever son cauchemar. Il recula de quelques pas pour contempler l'erreur que son esprit détraqué venait d’emmener dans ce monde. Un léger sourire se dessina sur le coin de sa bouche, satisfait de son effroyable besogne. Nul ne pourrait expliquer ou même imaginer dans le plus affligé des rêves ce qui traversa une nouvelle fois l’esprit torturé de ce jeune homme, mais celui-ci s’avance vers sa toile, allongeant le bras et appliqua la paume de sa main sur le paysage encore humide de peinture qu’affichait sa toile. Fermant les yeux et baissant la tête dans le plus grand silence, une chose encore plus imprévisible se passa. Les couleurs de la réalité elle-même devenaient incohérentes, se mélangeant. Ni haut, ni bas n’existait plus, la logique de l’univers se sauvait. Seul un maelström de pure confusion n’atteignait plus les sens du malheureux.

Peu à peu, il retrouva tour à tour, la vue, l’ouïe, le touché, le gout et finalement, l’odora. Ce dernier sens qui lui permit de savourer chaque seconde de sa première bouffé d’air nauséabonde de ce marécage pestiféré. Les suivantes ne furent guères plus agréables. L’odeur qui se dégageait de cette marre infectieuse irritait profondément sa gorge ainsi que ses yeux, la brûlure en était insupportable. Une envie irrésistible de se lacérer les yeux lui prit dans un nouvel élan de folie, cette fois pure. Ses ongles s’enfoncèrent dans sa chair, la tailladant, la réduisant en lambeaux, ne laissant derrière le passage de ses mains agitées que deux orbites vides tachées de sang et l’écho d’un long cri de souffrance. Retrouvant peu à peu la raison, sa raison, depuis maintenant plusieurs jours, perdue, le peintre n’en était que plus nerveux. La douleur et sa toute nouvelle cécité le déchirait, mais l’endroit où il se trouvait le troublait énormément plus. Quelle malédiction l’affligeait songea l’homme et s’abandonnant au désespoir, des larmes de sang s’écoulèrent d’où aurait dû se trouver ses yeux et de toute l’air de ses poumons, hurla sa détresse au paysage de désolation complète. Il y eu comme seule réponse le son de sa propre voix résonant dans l’abime désertique et vint un long silence, une absence de bruit complète, pas le moindre oiseau piaffant, pas le moindre moustique volant, rien…

Complètement affolé, Il avança de quelques pas dans l’immondice vaseuse. Il ne voyait plus rien et ne manqua pas de trébucher à maintes reprises, s’emmêlant les pieds dans les racines, ses pieds glissant lorsqu’ils s’appuyaient sur le sol incertain, s’agrippant à des branches trop frêles. Sa situation n’allait que de mal en pire. L’artiste succomba à l’envie de prendre quelques minutes de repos, les blessures s’accumulant et la douleur ne réduisant point. Il s’Allongea sur ce qui lui semblait être une pierre étrangement sec pour l’endroit et sombra dans le sommeil presque immédiatement. La fatigue des derniers jours et les évènements actuels avaient eux raison de lui…

III. Le feu du réveil

Depuis plusieurs heures déjà, le peintre était plongé dans un sommeil sans rêve lorsque soudain celui-ci, sans l’ombre d’une raison, s’éveilla en sursaut. Il se leva de tout son corps et tenta d’ouvrir les yeux, ce qui lui était maintenant devenu impossible de par sa faute. Ne pouvant voir ce qui l’avait réveillé, il se résigna à tendre l’oreille avec une certaine tristesse, à l’affut du moindre bruit. Un grand silence agitait les environs, l’innocence de celui-ci était brisée par la morbidité du décor. Le jeune homme se laissa retomber, soulagé par l’apparente tranquillité des sinistres lieux qui l’entouraient.

Il ne pouvait pas rester pour toujours sur ce caillou étrangement accueillant. Le prisonnier de la toile se leva et se dirigea vers une direction aléatoire, les repères visuels ne lui étant plus accessible et ses autres sens, bien trop peu aiguisés. Encore engourdi de son trop court sommeil, un large bâillement s’échappa de sa bouche ce qui lui fit avaler ce qui semblait être un moustique d’une taille suffisante pour que celui-ci soit écrasé et broyé dans son orifice visqueux. Avalant l’ignoble insecte, le peintre s’étouffa de dégoûts et recracha le peu de la créature qu’il n’avait pas avalé. Se faisant, il fit remonter le goût infect dans sa bouche qu’avait produit la petite chose. Il toussa encore et encore, de plus en plus fort. Il s’était étouffé. L’air ne parvenait plus à ses poumons depuis déjà plusieurs instants et un rouge vermeille défigurait à présent le peintre. Enfin ! Une première bouffé d’air entra dans ses poumons lorsque le dernier débris fut éjecté de son corps. Cela le libéra d’un énorme poids, la couleur de sa peau reprenait d’ores et déjà son beige coutumier.

Il venait de provoqué un de ces vacarmes et celui-ci maintenant soulagé n’avait pas entendu le léger crépitement commencé, mais ce léger oublie venait d’être corrigé. Il était Inquiet et nerveux. L’homme tenta de trouver l’endroit d’où provenait le bruit, mais cela lui était bien impossible car le bruit était tout au tour de lui. Il l’encerclait et ne lui laissait pas la moindre chance de s’enfuir dans une autre direction. Le son s’amplifiait. Le simple crépitement très faible du départ faisait place à présent un véritable carnage auditif. Quoi que particulièrement troublé, le peintre reconnaissait le bruit, il l’avait entendu très souvent tout au long de sa courte vie. Le soir, dehors, regardant les étoiles devant un feu frissonnant ou encore l’hiver pour réchauffer sa demeure. Les flammes l’entouraient à une distance qu’il ne pouvait mesurée à l’aide de ses seules oreilles. Une seule chose était certaine pour lui, la chaleur se rapprochait dangereusement et la sueur perlait maintenant sur sa peau rougeâtre de nouveau. Le feu était infernal, la température ne cessait d’augmenter et l’oxygène si précieux pour la survie du malheureux se faisait de plus en plus rare. Les flammes l’atteignirent et le brûlèrent horriblement. Celui-ci se défendit avec pour seule arme ses cris de mort. Cela, il le faisait bien. Consumé tout entier dans l’enfer du feu, l’homme à la peau calciné et mourant, relâcha dans un dernier souffle une plainte d’agonie au vide qui l’entourait…

IV. Un accident sans gravité

Ayant entendu de drôle de bruit là-haut, au second étage, la jeune servante ne put s’empêcher de monter dans l’atelier de son maître malgré toutes les interdictions que celui-ci lui avait donné. Elle entrouvrit la lourde porte, mais ne perçu rien, seulement la lueur vacillante des bougies çà et là. Dans un grand élan de curiosité qu’elle se connaissait bien, même très bien oserais-je dire, elle ne se fit plus discrète et entra toute entière de la pièce aménagée pour le travail du peintre. La salle était plutôt vaste pour la demeure. Des draps tâchés de peintures et de d’autres substances huileuses étaient suspendus d’une part et d’autres et plusieurs pots de peintures vides jonchaient également le sol sale et délavé.

Elle s’avança encore plus à l’intérieur de la pièce et finit par découvrir, avec horreur, l’imposante et sinistre toile qui avait été complétée. Les mêmes arbres, les mêmes plantes et la même sordidité que le peintre avait représentées, mais quelque chose différait, un élément avait été rajouté. Là, au centre de l’ignominie se trouvait le peintre, blanc comme un linge, les yeux vide, littéralement, et hurlant sa terreur. Surprise par cette découverte effrayante, elle recula d’un pas, bousculant au passage un tout petit tabouret au pied de la toile. La bougie qui s’y tenait trembla et s’affaissa au pied de la toile, enflammant les draps sur lesquels elle reposait. La servante apeurée invoqua tout le courage qu’elle pouvait trouver en elle et prit ses jambes à son cou avant que son maître ne réalise ce qu’elle venait de faire. Elle ne s’arrêterait de courir que lorsqu’elle serait très, très… très loin de la demeure, lieu de sa servitude. Les flammes, eux, se tordirent de rire devant la servante qui fuyait et ne se firent pas prier pour continuer la besogne destructrice qu’était la digestion de la toile d’épouvante. De la toile, il ne restait que des cendres. Le feu s’empara de la demeure toute entière et en l’espace de quelques minutes il n’en restait à son tour que des débris. Les cendres de la toile se disperseraient avec la brise du petit matin, offrant ce cadeau autrefois morbide au soleil levant et à la vie qui continuerait paisiblement…
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Re: Le peintre

Messagepar Infury » mar. juil. 14, 2009 11:24 am

Franchement bon ! ^^ J'aime beaucoup ! :wink:
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