Messagepar Olah » jeu. juin 21, 2007 12:52 am
Chapitre Cinquième
Alone in the desert, alone in the black landscape...
Sans m'en apercevoir, je chantonnais. Les paroles de cette vieille chanson m'étaient venues d'elles-même, certainement car la situation s'y prêtait à merveille. Je marchais effectivement seul, au beau milieu de falaises désertiques. Le silence avait fini par devenir mon seul compagnon, et surtout mon meilleur allié. Chaque bruit, chaque caillou dégringolant une falaise, chaque souffle de vent, je l'entendais, et ainsi demeurais-je paré à toute éventualité.
I can't stop my way, I feel so tired this day...
Le silence... Le soleil...
J'étais assoiffé. Ma gorge me brûlait affreusement, et j'essayais désespérement d'avaler quelques gouttes de salive pour me rafraîchir. Vous devez sûrement déjà avoir éprouvé cette sensation de soif, n'est-ce pas ? Eh bien, je vous affirme que ce n'est rien comparé à ce que je ressentais. Je ne pensais plus. Mes yeux étaient rivés sur le sol craquelé, mes pas lents et lourds, et une seule chose habitait mon esprit : boire.
J'en étais rendu au point d'essuyer la sueur sur mon front et d'en lécher les goutelettes. J'en devenais malade... Avec la chaleur qui plus est, j'étais persuadé de finir raide mort dans les heures qui allaient suivre. Je retirai d'ailleurs ma veste, pour l'attacher autour de ma taille, et envellopai ma tête autour de mon T-shirt crasseux pour me protéger un minimum du soleil. Dodelinant, je reprenais ma route, le torse nu, et n'étant même plus certain du chemin à prendre.
D'ailleurs, où allais-je ?
Retrouver mes camarades. Mes frères d'armes. Travail d'équipe. Rester en vie.
Survivre.
Lorsque l'astre solaire fut à son zénith, il faisait tellement chaud que j'ai crû défaillir un moment. Je fus donc obligé de me réfugier dans une crevasse d'une des falaises, à l'ombre, et je retrouvais un peu de fraîcheur avec soulagement. Retirant mon T-shirt de ma tête qui m'étouffait plus qu'autre chose, je demeurais étendu, toujours aussi tiraillé par la soif.
Survivre...
J'ouvris les yeux. Je m'étais assoupis... Il devait être quelque chose comme trois heures de l'après-midi, dans ces eaux-là, à en juger la position du soleil. Je commençais à devenir complétement fou, une seule idée persistait encore et toujours dans ma tête, boire... boire... boire... Soudain, un bruit de moteur. Warthog. TCAO. Me cacher.
M'enfonçant dans la crevasse, la peur me gagnant de nouveau et retrouvant ma raison, je retenai mon souffle. Effectivement, un warthog passa rapidement devant-moi, libérant des voluptes de poussière derrière-lui. Il passa tellement rapidement que quelque chose tomba du véhicule... Immobile, je guettais si les TCAO s'étaient aperçus de la disparition de l'objet, mais apparemment, non. Curieux, je rampai hors de ma crevasse comme un animal et me précipitai au-devant de l'hétéroclite trouvaille.
J'espérais au plus profond de moi que ce fut une gourde, mais non... Une toute petite sacoche, c'était tout... J'hésitais à la jeter au loin pour exprimer tout mon mépris de cette prétendue épreuve de survie, qui était en réalité une torture morale et physique, mais je me gardai bien de le faire. Après tout, il pouvait y avoir quelque chose d'utile là-dedans.
Une carte, et une boussole en cadeau.
Je riais intérieurement du sort de ces TCAO qui venaient de perdre leurs précieux outils de repérage. Tout compte fait, c'était mon jour de chance. Tapotant la boussole d'un air hagard, l'aiguille se mit à tourner lentement puis indiqua le nord. Je la posai alors au sol, puis dépliai la carte fébrilement.
Mes yeux se mirent à scruter les plans des lieux rapidement, espérant trouver une source ou une oasis quelque part, mais apparemment, elles n'étaient pas indiquées. Ou alors si, mais mon esprit était tellement préoccupé par la satisfaction de la soif qu'il ne comprenait rien à toutes ces notes et ces griffonements. Perplexe, je demeurais assis en tailleur, scrutant la carte de fond en comble et me repérant à la boussole pour déterminer ma position.
Des... clapotements...
Un bruit de clapotis attira soudain mon attention. Comme un animal dévoré par la faim, je levai la tête brusquement et cherchai du regard le trublion. Je le vis bien vite ; il était à une dizaine de mètres de moi. Mon regard s'illumina d'une lueur féroce. Je devenais le prédateur.
Un gros scorpion se baladait en effet non-loin d'ici. Il se promenait au soleil, insouciant et visiblement ignorant que j'étais là, à l'observer avec un plaisir malsain. Me levant prudemment, je saisis une pierre à côté de moi, et la lançai de toutes mes forces sur l'animal. Raté.
Saisissant une deuxième pierre, je réitérais ma tentative. Cette fois-ci, c'était gagné ! La pierre s'écrasa sur le scorpion dans un grand "scratch". Je me précipitai alors sur le lieu de ma victoire ; l'animal gisait, sans vie, la chitine disloquée. Ne réfléchissant désormais plus, j'aspirai goulument le sang de mon trophée jusqu'à la dernière goutte, puis en dévorai la chair, jusqu'à ce qu'il ne reste plus rien, pas même un petit bout pour les charognards.
Ce maigre repas me revigorai partiellement. Loué soit ce scorpion, si je survis à tout ceci je ne manquerai pas de lui faire une offrande à l'église en sa mémoire. Les mains tachées de sang pourpre, la bouche auréolée du même liquide visqueux, j'essuyai d'un rapide coup de main mes lèvres et me badigeonnai les mains dans le sable pour faire disparaître les traces de mon "massacre".
C'est en faisant alors le point sur ma situation actuelle que je commençais seulement à saisir tous les enjeux de cette épreuve de survie.
A suivre...