Messagepar Olah » sam. avr. 14, 2007 2:52 am
ELITE
Une grande explosion, et un fracas assourdissant, c'est tout dont ce je me souviens.
Il faut dire, on savait tous qu'on irait pas très loin. Quelques pélicans essayant de semer des phantoms et des séraphins, forcément, on comprend de suite. La bataille de Reach venait à peine de commencer qu'on savait déjà que c'était mal parti. Je savais que c'était mal barré, et en général, mon instinct ne me trompe pas.
Lorsque j'ai repris connaissance, j'étais propulsé dans des buissons, à quelques mètres du pélican dans lequel je me trouvais il y a quelques secondes à peine. J'avais un de ces mal de têtes, et je n'entendais quasiment rien, sauf un bourdonnement lancinant qui , obstruait mes oreilles. Les yeux hagards, je contemplais sans expression les corps sans vie de mes camarades, les corps brisés et gisant en tout sens. Un miracle... C'était un miracle que je sois encore vivant.
Dans ces moments-là, on ne sait pas trop quoi faire, vous savez. On survit à un crash terrible, on voit ses frères d'armes en miettes, sans compter une blessure plutôt vilaine à la jambe gauche qui vous lance dans tout le corps, eh bien... Le premier réflexe que j'ai eu, c'est chercher mon bon vieux S2 AM. Ce fusil de sniper était devenu au fil du temps une partie de moi-même ; vous me l'enlevez, et j'ai l'impression de perdre comme un bras.
Je lançais un coup d'oeil dans les environs, pour tenter de retrouver ma "partie", et ce faisant, j'enlevais mon casque, afin d'essuyer la sueur qui perlait sur mon front. L'ouïe commençait à me revenir ; j'entendais des sortes d'explosions au lointain et des tirs. Ça me rassurait, dans un sens ; au moins, je n'allais pas finir sourd. D'un air désolé, je hôcha la tête en voyant le triste spectacle autour de moi : 6 pélicans, tous fumants et brûlants, lamentablement plaqués au sol.
C'est à ce moment-là que je commença à sentir une bouffée d'angoisse ; j'étais seul. C'était quand même dingue que je sois le seul survivant à ce crash ! Ou alors, depuis le temps, il fallait que je me fasse à l'idée qu'une bonne étoile planait au-dessus de ma tête. Laissant tomber au sol mon casque - qui n'allait plus me servir à grand chose - je poursuivis ma marche, essayant toujours de retrouver mon S2 AM. Soudain, je le vis, et je me fendis d'un sourire ; il était là ! Fort heureusement, il n'avait subit aucun dégâts. Boitillant jusqu'à lui, je m'en empara et le mit en bandouillère. Il fallait fuir à présent, se cacher dans les falaises là-bas. Ces foutus covies n'allaient pas tarder à rappliquer, et je n'avais pas envie de me faire trouer de plasma.
Cette scène n'avait durée que 5 minutes tout au plus... Et pourtant, j'avais l'impression que cela faisait une éternité que j'évoluais dans les débris du crash...
Grimaçant de douleur, ma jambe me faisant horriblement souffrir, j'essayais désespérement de courir jusqu'aux falaises pour me mettre à l'abri. Ces falaises offraient justement une bonne planque ; un endroit idéal pour sniper ces saletés de poulpes qui essayeraient de venir ici.
Oh, mais j'ai oublié de me présenter ! Martin Logan, 33 ans, membre des forces ELITE, du CSNU bien entendu. Comment ? Vous ne savez pas ce que sont les ELITE ? Eh bien, c'est simple : ce sont simplement les tireurs d'élites plus qu'élites. A vrai dire, il n'y en a pas beaucoup, des ELITE ; nous sommes triés et nous subissons ensuite une sélection draconienne par-dessus le marché. Seuls les meilleurs snipers obtiennent un tel titre, et c'est pas pour me vanter, mais je pense être un excellent tireur d'élite, sinon je n'en ferais pas partie, n'est-ce pas ? J'ai une femme, et un gosse, et je dois avouer qu'en ce moment je ne pense qu'à eux. Tout ce que je souhaite, c'est survivre assez longtemps pour les revoir. Et je compte sur mon fidèle S2 AM pour ça.
Me hissant dans une sorte de petite cuvette au milieu des falaises (non sans difficulté), je me laisse me rouler sur le dos, exténué. Mes yeux me brûlent, seul point positif, je vois moins trouble. Ecoutant calmement le bruit de ma respiration, je regarde le ciel ; il est bleu, et parfois, des tirs le zèbrent de part en part... Soudain, je sens mes forces me quitter.
Résister... Je ne dois pas tomber... dans... les vappes...
" Et toi, sale raclure, tu as un nom où t'es juste une grande gueule anonyme ?!
- Thomas McLees, sergent !
- Pour moi, tu seras le blaireau, c'est bien comprit, sale petite tête ?!
- Sergent, OUI sergent !
L'oeil maussade, le sergent-instructeur Ryley réajusta son casque, avant de venir coller son visage contre moi :
- Et toi, l'affreux, crache-moi ton nom !
- Martin Logan, sergent !
- Mon cul, c'est un nom trop précieux pour toi ! Dorénavant, tu seras sac-à-mer* !
- Sergent, OUI sergent !
Sac-à-mer*... Je dois avouer que je n'étais pas particulièrement heureux de porter ce surnom, je préférais encore "blaireau". Je venais à peine d'arriver chez les marines que déjà j'étais malmené. Quand je me suis engagé, je savais que ça n'allait pas être rose. Mais à ce point-là... Pour tout vous dire, je suis parti de chez-moi, parce que mon père tirait un peu trop souvent sur la bouteille, et que ça finissait généralement en baston entre lui et ma mère. J'en avais marre, c'était invivable à la maison. Et me voilà chez les marines, tout frais moulu, ayant tout juste 19 ans.
Le sergent-instructeur, ayant finit de se "présenter" avec ses nouvelles recrues, se posta devant-nous, les mains derrière le dos, les jambes écartées. Il avait une super allure de cow-boy ; j'aurai bien éclaté de rire si je ne me doutais pas que j'aurai à faire 500 pompes juste après.
" Vous êtes maintenant des marines, bande de petites raclures ! Des mecs pas ordinaires ! Les marines ont pas froid aux yeux, ils sont courageux, et se coltinent le boulot le plus chiant de tout l'univers ! Je vous promet qu'à partir de maintenant, vous allez ramper, et vous allez bouffer trois tonnes de poussière, c'est clair ?!
- Sergent, OUI sergent !!! Criâmes-nous en coeur.
- Bien, alors pas de répit pour les braves ! On se rend au champ de tir, pour voir ce que vous valez, bande de petites lopettes ! Au pas de course, allez !!! "
Le champ de tir, excellent, j'avais hâte de m'y essayer. Quand j'étais plus jeune, je chassais avec mon grand-père dans les bois... Enfin, ça, c'était avant qu'il ne meure. Je n'ai plus eu l'occasion de toucher à une seule arme ensuite. Je me réjouissais d'avance.
Ce qu'avait oublié de nous dire notre fameux sergent, c'est que le champ de tir était à 5 km, et qu'il fallait y aller en courant comme des dératés, pendant que lui nous suivais en warthog. Lorsque quelqu'un commençait à s'essoufler, il descendait du véhicule et lui collait des petits coups de matraque dans les côtes... Rien de plus motivant.
Lorsque nous arrivâmes au champ de tir, on dégoulinait tous de sueur. J'avais envie de vomir, et j'avais l'impression que j'allais exploser tellement j'avais chaud (il faut dire que en plein été...). Incapable d'articuler le moindre mot, je croisâ le regard de celui qui se tenait à côté de moi tout à l'heure, McLees. Il fit une esquisse de sourire ; instantanément, on se comprit : ça s'annonçait plutôt dûr pour nous.
" Bande de feignasses, on se bouge ! Prenez-moi ces armes dans le râtelier là-bas et allez me défoncer ces cibles ! ALLEZ, EXECUTION !!!
Déjà à moitié mort de fatigue, je me saisi d'un des nombreux BR55 et m'approcha de la ligne de tir. Les cibles étaient vraiment loin ; à moins d'être un as, c'était impossible d'en toucher une.
" Touchez au moins trois fois votre cible ! Gueula le sergent. Celui qui n'y arrive pas bouffera rien du tout ce soir !
Quelques premiers commençèrent à tirer, s'appliquant avec soin, la perspective de ne pas avoir à manger ce soir leur faisant visiblement très peur. Ils eurent beau tirer, ils n'arrivèrent pas à toucher une seule de leur cible... Le sergent Ryley passait derrière-eux et commentait d'un "minable, mon garçon" ou "ma grand-mère vous aurait apprit ce que c'est que tirer". Certains n'arrivaient même pas à enlever le cran de sécurité et commençaient à avoir les larmes aux yeux d'être aussi "nuls".
" Voyons voir, fit McLees, qui se tenait à ma droite. Ça devrait pas aussi être difficile que ça en a l'air...
Il défit le cran de sécurité tira la langue et plissa les yeux. Il parvint à toucher trois fois la fameuse cible au prix de nombreux tirs... Quant à moi, je n'avais toujours pas tiré, et d'ailleurs, je ne savais pas pourquoi. J'étais intrigué par ce curieux spectacle : une bande de néophytes dans l'armée malmenés par un sergent-instructeur fou furieux.
- Tu tires pas ? Me fit McLees en souriant.
- Si si, bégayais-je, me tirant de mes pensées.
- Tu ne sais peut-être pas comment faire ; tu veux que je te montre ? Me proposa McLees.
En disant ces mots, le sergent Ryley vint se positionner derrière-moi.
" Encore un incapable ! Cria-t-il. Logan, vous êtes pas fouttu non plus d'enlever un cran de sécurité ?! Bon sang, qu'est-ce que j'ai fais au bon Dieu pour être tombé sur des abrutis pareils ?!
Revenant à la dure réalité, je défis le cran sans problème, puis épaula mon BR55. Je fis le silence dans ma tête... Je ne faisais plus qu'un avec mon arme, comme me l'avait apprit mon grand-père. Cessant presque de respirer, je voyais parfaitement bien la cible qui s'offrait à moi. Puis je pressa sur la détente ; trois coups.
" Bon dieu ! S'exclama le sergent au bout de quelques secondes.
Il prit ses jumelles, regarda au loin, et murmura encore "bon dieu !". Quant à moi, je remis mon arme en bandouillère, attendant les propos sarcastiques du sergent. J'avais mis toutes mes balles en pleine tête de la cible ; j'espérais qu'il n'allait pas trop me charier cette fois.
" Bon sang, Logan, où avez-vous appris à tirer ? Fit mon sergent, toujours stupéfait.
- A la chasse, sergent !
- Vous êtes bien le premier troufion que je vois vous en tirer comme ça ! Même un bon marine ne parvient pas à un tel résultat après plusieurs mois ici ! Recommencez pour voir ? La cible là-bas !
Il me désigna du doigt une cible tout à droite, encore plus loin qu'auparavant. Ça s'annonçait corcé, cette fois. Tout le monde avait arrêté de tirer et me regardait avec des yeux stupéfaits.
De nouveau, je me concentra... Le vent soufflait trop fort, il fallait donc que j'attende un petit peu si je ne voulais pas qu'il dévie ma balle. Calmant ma respiration, serein, je sentais la sueur perler sur mon front. Estimant la marge d'erreur à 3 mètres, je compensais ceci en relevant lentement mon arme, afin de palier à la courbure imposée à la balle par la pesanteur. Puis je fis feu.
Trois fois.
" Le fils de... Commenta le sergent, jumelles à la main. Logan, vous êtes un as, bordel ! "
A suivre...